Les
météorites : des échantilloneurs
naturels du manteau terrestre
Les météorites sont des roches extra-terrestres
qui sont soit des fragements d'astéroides, soit de
planète. L'une des grandes classes de
météorites, les chondrites, sont dites
représentatives de la Terre globale. On s'en sert d'ailleurs
pour affiner la composition chimique de la Terre. Cependant, ces
météorites peuvent aussi renseigner sur la
minéralogie du manteau terrestre, notamment en
complément des expériences
réalisées en cellule à enclume de
diamant.
Quelles
sont les caractéristiques des chondrites qui en font des
potentiels échantilloneurs du manteau terrestre?
Pour résumer, les chondrites sont composées
minéralogiquement d'olivine, de pyroxène et de
fer. Or, on sait que l'olivine et le pyroxène sont les
constituants principaux d'une péridotite. Elles ont donc des
points communs avec le manteau terrestre. De plus, pour arriver sur
Terre, elles ont subi un choc important qui peut avoir amener des
conditions physiques équivalentes à celle du
manteau terrestre.
Comment
les météorites peuvent-elles renseigner sur la
minéralogie du manteau?
Les chondrites, pour arriver sur Terre ont du être
arrachées à leur corps parents, c'est
à dire un planétésimal qui a pu
être complètement détruit. Cet
arrachage ne peut se produire que par un choc violent, ce qui va
entrainer une augmentation très importante de la
température et de la pression. Les conditions physiques du
choc qui sont enregistrées dans les chondrites montre qu'on
peut atteindre des
pressionspouvant aller jusqu'à 30GPa, ce qui correspond
à une profondeur d'environ 800km. On peut donc avoir
accès à des échantillons naturels, de
même composition chimique que la Terre et qui ont subit des
pressions et des températures analogues à celle
que supportent les roches du manteau.
Polymorphe
de l'olivine dans les chondrites et dans le manteau
Les
études réalisées en cellule
à enclume de diamant permettent d'envisager les choses de la
façon suivante : de 0 à 410km, c'est l'olivine
qui est stable. Ensuite, à cause de l'augmentation de
pression essentiellement, elle se transforme en wadsleyite. Puis,
au-delà de 520km de profondeur, la wadsleyite se transforme
en ringwoodite. Cette dernière se dissocie à
660km de profondeur en perovskite et magnesiowustite. Ce sont ces
transitions de phases au sein du système olivine et
notamment la dmiminution de volume associée à
chaque transition de phase qui sont
responsable en grande partie des discontinuités sismiques
observées dans le manteau. Si on admet ceci, une
démarche simple est de regarder dans des
échantillons naturels si de tels minéraux peuvent
être observées. Il s'agit seulement ici de savoir
si ces minéraux existent vraiment dans la nature et non de
redéfinir les diagrammes de stabilité de
l'olivine, wadsleyite et ringwoodite.
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Animation du minéral d'olivine qui cristallise dans le système orthorhombique |
Animation
du minéral de wadsleyite qui cristallise dans le système
orthorhombique. Le petit atome bleu est un hydrogène : la
wadsleyite peut contenir 2% d'eau. |
Animation du minéral de ringwoodite qui cristallise dans le système cubique |
En 1970, Binns découvre dans la chondrite Tenham la
première trace d'un polymorphe de haute pression de
l'olivine, la ringwoodite ou olivine g. En lame mince, la ringwoodite
se présente sous forme de "patchs" bleus en
lumière polarisée non analysée au
niveau des bordures des minéraux d'olivine. Ces
minéraux d'olivine ont été
enrainés dans des veines de choc, c'est à dire
des zones ou la météorite a partiellement fondue.
La haute température présente dans la veine de
choc a permis d'activer thermiquement la transition de phase entre
l'olivine et la ringwoodite. Cependant, les mesures chimiques sur
l'olivine et la ringwoodite montre que celles-ci sont proches : la
ringwoodite s'est donc bien formée à partir de
l'olivine et non comme une cristallisation du liquide magmatique de la
veine de choc. Après des études en diffraction
des rayons X, le minéral est clairement identifié
comme étant de la ringwoodite. On a donc ici la
première occurence d'un minéral du manteau
terrestre, se trouvant normalement à plus de 500km de
profondeur dans un échantillon naturel.
Les recherches autour de l'autre polymorphe de l'olivine, l'olivine b
ou wadsleyite vont se poursuivre jusqu'à ce que Putnis et
ses collaborateurs découvrent ce polymorphe au sein d'une
autre chondrite, la météorite de Peace River.
Cette fois-ci la wadsleyite se présente sous forme de petits
amas verts en lumière polarisée non
analysée.
Ainsi, les deux polymorphes de l'olivine
ont été découvert dans deux
météorites distinctes mais montrent qu"il est
possible de faire le lien entre les résultats des
expériences de pétologie à haute
pression et les échantillons naturels.
Le
système Pyroxène et MgSiO3
Il nous faut ici utiliser une dénomination un petit peu
double. En effet, nous avons vu que les expériences en
cellule à enclume de diamant prévoit la
dissociation de l'olivine (Mg2SiO4) en perovskite (MgSiO3) et
magnesiowustite (MgO). Nous allons donc traiter du système
MgSiO3 qui concerne donc aussi bien le système
pyroxène que le système olivine à
partir de 660km.
Les études en cellule à enclume de diamant
prévoit l'existence des polymorphes suivants : la majorite,
l'akimotoite (aussi appelé MgSiO3-ilmenite) ainsi que la
perovskite (et plus recemment la post-perovskite). Le diagramme
à droite (
cliquez
dessus pour l'agrandir) permet de situer les
différents domaines
de stabilité des polymorphes précités.
Le premier polymorphe de haute pression du système
pyroxène a avoir été trouvé
est la majorite. C'est à nouveau dans la chondrite Tenham
que ce minéral a été
découvert par Chen et ses collaborateurs. De même
l'akimotoite a été découverte en
même temps apr deux équipes distinctes, l'une dans
la météorite Tenham (Tomioka et Fujino) l'autre
dans la meteorite Acfer (Sharp et collaborateurs) en 1997. Ces deux
équipes ont aussi rapportées l'existence de
perovskite au sein de cette météorite. Cependant,
la découverte de la perovskite fait encore débat,
notamment car la seule identification est une diffraction
électronique.
Les
autres systèmes : silice et feldspaths
D'autres échantillons de haute pression ont
été rapportées dans les
météorites.
C'est notamment le cas des polymorphes de la silice : la coesite (mais
on la trouve aussi en inclusion dans certains grenats provenant
d'éclogites des Alpes ou de l'Himalaya), la stishovite, la
seifertite (aussi appelé post-stishovite à
structure a-PbO2), post-stishovite à structure de
baddeleyite.
De même on a pu observer des polymorphes à haute
pression
des fledspaths comme la lingunite (polymorhe haute pression des
feldspaths plagioclases, structure hollandite) ou bien la K-hollandite
qui est le polymorphe haute pression de l'orthose.
Le tableau suivant permet de résumer l'ensemble des
minéraux de haute pression découverts dans les
météorites ou avec le concours de
météorites comme dans les cratères
d'impact.
Equivalent
basse pression |
Minéral
de haute pression découvert |
Météorite |
Olivine |
Wadsleyite
Ringwoodite |
Peace
River
Tenham |
Pyroxène |
Akimotoite
Majorite
Perovskite (?) |
Tenham,
Acfer 44
Tenham
Tenham, Acfer 44 |
Feldspath |
Lingunite
K-hollandite |
Sixiangkou
Zagami |
Silice
(Quartz) |
Stishovite
Seifertite
Post-stishovite à structure de Baddeleyite |
NWA856
Shergotty
Shergotty |
Carbone |
Nouvelle
forme cubique |
Cratère
d'impact de Popigai |
Magnesiowustite |
Magnesiowustite |
Sixiangkou,
Tenham |
Rutile |
Structure
a-PbO2
Structure ZrO2 (baddeleyite) |
Cratère
d'impact du Ries
Cratère d'impact du Ries |
- |
CAS
: Calcium AluminoSilicate |
Zagami |
Mécanisme de transformation et de cristallisation
Nous